• Intervention d'Olivier Marchais au rassemblement républicain : "Il doit y avoir de la place pour deux"

    C’est avec beaucoup d’émotions que je me permets de prendre la parole ce soir.

    Nous sommes réunis pour protéger la plaque commémorative du parvis Georges Marchais, inauguré en Mai 2013, en l’honneur de mon père, disparu il y a maintenant 17 ans.

    Le nouveau Maire de Villejuif, Monsieur Le Bohellec, considère par une délibération municipale du 17 décembre 2014, qu’il convient de déshonorer Georges Marchais pour honorer Georges Mathé.

    A peine élu Monsieur le Maire, vous prenez une décision d’une bien grande cruauté à l’égard d’un homme, à l’égard de tous ceux qui ont pu eux-mêmes ou leurs familles voter pour lui à un moment de leur vie, où qui tout simplement respectait son engagement, ses combats, sa sincérité.

    Quelle arrogance, quel mépris après seulement 9 mois de mandat !

    Vouloir faire disparaître la mémoire d’un homme et avec lui, la mémoire collective, l’histoire d’un territoire, de la banlieue rouge.

    Georges Marchais fût député de Villejuif pendant 24 ans. Elu à 6 reprises de 1973 à 1997, il a porté haut et fort dans l ‘hémicycle les intérêts de ses concitoyens. Il fût un élu populaire, respecté, indissociablement lié au développement de Villejuif.

    Je peux citer l’arrivée du métro, la construction du lycée Darius-Milhaud, les combats pour obtenir la couverture de l’A6B, un commissariat de Police Nationale. Mais également son engagement en faveur du droit au logement, pour la défense de l’emploi, pour combattre les injustices au quotidien …

    La population de Villejuif n’oubliera jamais la venue de Nelson Mandela en Octobre 1993 au Théâtre Romain Rolland, ses paroles de remerciements pour le combat mené par Georges Marchais et tant d’autres, en faveur de sa libération.

    Il est de tradition dans notre République d’honorer après leur disparition, des élus, des personnalités, reconnus pour leurs actions publiques, pour leur dévouement à l’intérêt général.

    En tant que Député, au service des populations, durant 24 ans, Georges Marchais est légitime. Ce parvis rappel simplement, ses actions, ses engagements.

    Cette reconnaissance va bien au delà de l’adversité politique, elle est Républicaine.

    Permettez-moi de rapporter ces propos tenus dans le Parisien Val-de-Marne du 30 Mai 2013 par 2 personnalités politiques du Département, adversaires politiques aux convictions différentes de celles de Georges Marchais, mais 2 républicains :

    - Roger Gérard Schartzenberg, député du Parti Radical de Gauche de la 3ème circonscription du Val-de-Marne : « Il est normal de saluer son combat. Même si je n’approuvais pas la totalité de ses positions, j’étais sensible à l’énergie qui l’animait, à son courage et à son humanité. »

    – Christian Cambon, Sénateur Maire de Saint-Maurice et Président de l’UMP du Val de Marne : « Je reconnais à Villejuif le droit de célébrer ce personnage d’envergure nationale. »

    Son engagement pour le développement des centres Hospitaliers Paul Brousse et Gustave Roussy, pour la recherche médicale et la recherche contre le cancer, à toujours été reconnue à sa juste valeur.

    Villejuif compte trois hôpitaux, 7000 médecins chercheurs et personnels médicaux. Parmi eux figurait Georges Mathé, médecin cancérologue de renommée mondiale, qui réalisa en 1958 les premières greffes de moelles osseuses sur l’homme et qui dirigea le service des maladies sanguines de l’Hôpital Paul Brousse.

    Vouloir aujourd’hui, opposer Georges Mathé et Georges Marchais est un contre sens historique. Ils ont travaillé ensemble pour faire de Paul Brousse, ce grand Hôpital où la recherche et les soins sont de pointe.

    Sachez qu’un éminent scientifique, Gaulliste, résistant et un ouvrier devenu Député, communiste, déporté du travail, se sont trouvés pour le bien commun, au service des populations.

    Catherine Gaston-Mathé, sa fille, avec qui je me suis entretenu durant le week-end n’est « pas du tout partisante de déshonorer l’un pour honorer l’autre ».

    Nos deux familles partagent la même conviction : il doit y avoir de la place pour deux. Ils entretenaient une relation faite de respect et d’amitié.

    Et pour ma part, vous pouvez donner une plus grande place à Georges Mathé si vous le souhaitez.

    Mais ne vous acharnez pas sur un homme disparu il y a 17 ans, qui a représenté un Parti Politique qui existe aujourd’hui, et qui rassemble des hommes, des femmes, des militants, des élus, en France, dans le Val de Marne et à Villejuif.

    Je tiens à remercier toutes les personnes présentes ici, ce soir, et je voudrais remercier également tous ceux qui ont tenu à témoigner de leur soutien durant ce week-end.

    L’indignation est grande, ici, à Villejuif, et dans tout le pays, bien au-delà de la diversité de nos opinions.

    Alors, montrez vous digne de votre toute nouvelle écharpe tricolore, respectez la mémoire, le combat d’un homme politique, député de la République Française durant 24 ans.

    En ces temps difficiles, je suis persuadé que les Villejuifois et les Villejuifoises attendent bien d’autres décisions municipales de votre part, tournées vers leur présent et surtout leur avenir.

    Vous pouvez revenir sur cette délibération.

    Respectez la mémoire de Villejuif, respectez mon père, respectez Georges Marchais, tout comme lui vous aurait respecté, si il était encore Député, malgré vos différences.

     


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